La justice

Définitions

La justice : vertu morale, le fait de respecter la loi et l’égalité.

La Justice : institution qui fait respecter la loi.

Légal : ce qui est autorisé par la loi.

Légitime : ce qui est juste d’un point de vue moral. Ce qui est légal n’est pas forcément légitime, et ce qui est légitime n’est pas forcément légal !

L’égalité : donner la même chose à tout le monde.

L’équité : justice proportionnelle compensant les inégalités et les différences.

Droit naturel : droits fondamentaux de l’homme, inaliénables.

Droit positif : droits donnés aux hommes par les lois.

Comment la justice doit-elle être organisée ?

Dans son sens antique, la justice est fondée sur l’ordre naturel à imiter. C’est ce que souligne le personnage de Calliclès dans le Gorgias de Platon. Les lois de la nature sont en réalité des rapports de force entre les faibles et les forts, et les forts, parce qu’ils parviennent à soumettre les plus faibles, ont davantage de pouvoir. Les lois positives seraient méprisables puisqu’elles consisteraient en une tentative de renverser cet ordre naturel qui semble légitime parce qu’on le retrouve dans la nature, chez les animaux par exemple.

Pour Pascal, « La justice sans la force est impuissante » et « la force sans la justice est tyrannique » : il souligne le rapport entretenu par la justice et la force. En effet, pour maintenir l’ordre et faire respecter les lois, la justice a besoin de la force. Et sans force, la justice ne peut pas se faire respecter ; et sans justice, la force n’est qu’une violence illégitime. Mais la justice est faible et ne peut être que soumise à la force : c’est pourquoi la justice est en réalité souvent une force qui se fait passer pour justice.

Pour Rousseau, la justice est assurée par les lois, qui sont faites pour l’intérêt général dans le cadre d’une démocratie (démos = le peuple, kratos = le pouvoir : le pouvoir au peuple). Les lois sont faites par le peuple et pour le peuple.

Pour Hobbes, la justice existe grâce aux lois. Sans les lois, ce serait la guerre de tous contre tous parce que « l’homme est un loup pour l’homme ». Donc être juste, c’est obéir aux lois.

Platon se demande, dans La République, ce qu’est une cité juste. Il énumère plusieurs de ses caractéristiques : 

  • la sagesse : on doit vouloir faire le bien. Les sages guident le peuple pour leur montrer l’exemple. C’est la thèse des philosophes rois : parce que les philosophes sont des hommes sages, ce sont les plus à même de régner.
  • le courage : il faut distinguer les choses à craindre de celles à ne pas craindre. Les courageux protègent la cité.
  • la modération : il faut user de sa raison pour tempérer ses désirs.

Il faut équilibrer les pouvoirs, tous les pouvoirs ne doivent pas se retrouver entre les mains d’une seule personne, sinon le pays basculerait dans un régime totalitaire, arbitraire, tyrannique. C’est ce que théorise Montesquieu en valorisant la séparation du pouvoir en trois entités : le juridique, l’exécutif, le législatif. Si « le pouvoir doit arrêter le pouvoir », c’est parce qu’il faut répartir les pouvoirs afin qu’ils ne soient pas donnés à une seule personne, ce qui serait extrêmement dangereux.

L'égalité et l'équité

L’égalité est incontournable, c’est d’ailleurs la seconde valeur mentionnée dans la devise de la République française : « Liberté, égalité, fraternité », et on la retrouve mentionnée dans le premier article de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »

A ce principe d’égalité, s’ajoute le principe d’équité : il consiste à créer des inégalités légitimes, justes, pour que chacun ait la même situation, si initialement les personnes étaient dans une situation d’inégalité (économique, sociale…). 

Aristote : la justice doit être distributive, c’est-à-dire que l’on doit faire en sorte que les hommes soient égaux en corrigeant les inégalités par l’équité. Dans ce cas, il s’agit d’effectuer des discriminations positives, c’est-à-dire de mettre en place  des mesures correctrices pour favoriser les défavorisés.

John Rawls : les inégalités sont justes si les citoyens ont les mêmes droits et si elles profitent aux démunis. L’égalité n’est donc pas un idéal, c’est l’équité qu’il faut rechercher !

Donc la justice semblerait se rapprocher d’un idéal d’équité, c’est-à-dire que l’on justifierait et légitimerait les inégalités si elles profitent à ceux qui ont le moins, si elles compensent leur pauvreté par exemple, et, par conséquent, que l’on donne moins aux riches. Dans ce cas, pour rendre les hommes égaux, il faudrait être équitable.

Le conflit légalité- légitimité

Marx : il faut légitimer la révolte contre la justice, si la justice est injuste. Autrement dit, si le légal n’est pas légitime, alors on doit se rebeller. Marx invitera les prolétaires à se révolter face aux bourgeois qui possèdent tous les moyens, toutes les ressources et qui les exploitent. Or, c’est justement grâce aux prolétaires exploités que les bourgeois gagnent de l’argent !

Hannah Arendt : la désobéissance est criminelle si on transgresse pour son propre intérêt ; alors qu’elle est légitime si on s’élève contre des lois illégitimes, en revendiquant de manière concertée, rationnelle et pacifique : c’est la désobéissance civile.

Thoreau : « Si la machine gouvernementale veut faire de nous l’instrument de l’injustice envers notre prochain, alors je vous le dis, enfreignez la loi. Que votre vie soit un contre-frottement pour stopper la machine. Il faut que je veille, en tout cas, à ne pas me prêter au mal que je condamne. » 

Pour Thoreau, il ne faut pas mener une révolution en cas d’injustice, mais refuser de se soumettre au pouvoir injuste, à la loi injuste. C’est la désobéissance civile, encore une fois. D’ailleurs, afin de montrer qu’il s’érigeait contre l’esclavage, Thoreau refuse de payer un impôt et passe pour cela une nuit en prison. Pour lui, la désobéissance civile n’est pas seulement un droit, c’est un devoir moral du citoyen.

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