La science

Définitions

Science : ensemble de connaissances objectives établies grâce à la raison et à l’expérience.

Opinion : idée que l’on se fait de quelque chose, sans nécessiter une preuve.

Empirisme : méthode scientifique consistant à s’appuyer sur l’expérience pour parvenir à une vérité.

Déduction : partir d’un fait général pour en tirer une conclusion ciblée.

Induction : partir de remarques ciblées pour en tirer une conclusion générale.

La vérité scientifique est-elle définitive ?

Auguste Comte et son mouvement scientifique du positivisme avancent l’idée que l’homme s’achemine vers un progrès certain. Chaque société humaine, historiquement parlant, conduit les hommes vers la science : tout d’abord, les hommes passent par l’état théologique (ils utilisent Dieu comme explication de toute chose qui se produit), puis par l’état métaphysique (cette fois-ci, c’est la nature qui est utilisée comme justification), enfin par l’état scientifique (c’est grâce aux vérités scientifiquement établies que l’on peut expliquer précisément un phénomène).

La science est évolutive : Thomas Kuhn le souligne, certaines théories établies comme vraies sont prouvées fausses des années, des siècles plus tard, parce que les moyens scientifiques et techniques ont évolué donc l’homme est capable de perfectionner et de peaufiner ses expériences. Cela lui permet donc de corriger ses erreurs scientifiques. Les révolutions scientifiques permettent à la science de progresser en mettant en relief les erreurs passées et en les corrigeant. Mais alors, on peut se demander si la vérité scientifique existe ou si elle ne dépend pas plutôt d’une époque, d’une société.

La science a besoin de l'expérience

Carl Hempel, Eléments d’épistémologie : raconte le cheminement parcouru par Semmelweis afin de résoudre l’énigme de la fièvre puerpérale. Dans une unité d’un hôpital, le nombre de femmes décédant de cette maladie lors de l’accouchement est extrêmement élevé. Dans la seconde, il est bien plus faible. Le docteur Semmelweis cherche alors une explication et effectue diverses expériences, certaines étant même absurdes (il force le prêtre à changer de couloir pour ne pas effrayer les femmes.) Mais la solution est trouvée suite à un incident : un étudiant entaille gravement le doigt d’un médecin après avoir opéré un cadavre en salle d’anatomie. Ce médecin présente les mêmes symptômes que les femmes malades. Semmelweis en conclut alors qu’un élément infectieux se trouve sur les corps examinés et que ceux qui soignent les femmes après avoir disséqué les cadavres leur transmettaient cette infection. Il eut la confirmation de son hypothèse en constatant qu’en se lavant bien les mains avec une solution détruisant les corps infectieux, la maladie connut une baisse drastique. 

Pour atteindre une vérité scientifique, il faut donc la prouver grâce à l’expérience. Et si souvent, en science, la raison précède l’expérience, c’est-à-dire que d’abord on pense à une expérience, ensuite on la vérifie, parfois, une expérience involontaire et due au hasard a d’abord lieu et fait émerger une théorie chez le scientifique, grâce à sa raison. C’est aussi ce que l’on retrouve avec Louis Pasteur, célèbre pour avoir mis au point un vaccin contre la rage suite à une découverte faite par hasard ! En effet, après maintes expériences non concluantes, il laisse un échantillon de rage contenue dans la moelle épinière d’un lapin dans son atelier, et s’isole quelques jours… Quand il revient, il trouve la maladie affaiblie, ce qu’il cherchait à faire depuis des mois. Il a ainsi trouvé la solution pour créer le vaccin sans le faire exprès. Alors bien sûr, il n’a pas créé le vaccin par chance : mais ce constat a conduit sa raison à créer d’autres expériences pour vérifier son hypothèse.

Pour atteindre la vérité, la science doit donc se fonder sur l’expérience, l’empirisme : c’est ce que souligne Claude Bernard. Mais celui-ci rajoute un critère : l’expérience doit être guidée par la raison. Le scientifique qui effectue une expérience ne le fait jamais gratuitement : il vérifie toujours une théorie ! « Il y a donc deux opérations à considérer dans une expérience. La première consiste à préméditer et à réaliser les conditions de l’expérience ; la deuxième consiste à constater les résultats de l’expérience. Il n’est pas possible de réaliser une expérience sans une idée préconçue ; instituer une expérience, avons-nous dit, c’est poser une question ; on ne conçoit jamais une question sans l’idée qui sollicite la réponse. » 

Méthodes et critères de la science

Karl Popper, une théorie scientifique doit être falsifiable pour se prétendre science de manière légitime ! Paradoxalement, il faut pouvoir prouver que la théorie est fausse si elle l’est, pour établir sa scientificité. Cela signifie que si la théorie est vraie, elle ne sera pas faussée. Mais si elle est fausse, on doit pouvoir s’en rendre compte grâce à une expérience. Si on ne peut pas mettre en place les conditions d’expérience permettant de prouver qu’une théorie est fausse si elle l’est, alors la théorie n’est pas scientifique puisque non vérifiable, non falsifiable !

La méthode inductive est-elle scientifique ? Non, pour Francis Bacon, « elle conclut de manière précaire, s’expose au risque d’une instance contradictoire, et ne prend en vue que les choses familières, sans déboucher sur rien. » Cela signifie que l’induction ne permet pas une assez grande hauteur de vue pour parvenir à une conclusion générale, puisque certains éléments peuvent ne pas être repérés et falsifier cette conclusion. C’est ce que prouve Popper avec son exemple des cygnes : si un homme ne voit que des cygnes blancs, par induction, il tirera la conclusion que tous les cygnes sont blancs. Alors que les cygnes noirs existent également, ce qui rend son résultat erroné. 

Descartes met au point une méthode scientifique permettant d’atteindre la vérité : tout d’abord, il souligne la nécessité de l’existence d’une méthode dans son Discours de la méthode pour parvenir à un résultat scientifique. Il proposera aussi, dans ses Méditations métaphysiques, la méthode du doute : pour lui, si un fait n’est pas certain, s’il est établi par l’opinion, il faut le considérer comme erroné : le doute doit être méthodique et radical. Il n’y a qu’en remettant en question les fondements non certains que l’on peut parvenir à établir des vérités et donc que l’on rend possible l’avènement de la science.

En effet, la science se distingue de l’opinion : c’est aussi ce que souligne Platon dans le Ménon. A tout moment, une opinion plus attrayante peut apparaître et séduire les hommes, ce qui les ferait changer d’avis. Alors que s’ils se concentrent sur la recherche des causes premières, ils feront de la science et parviendront à un résultat certain, indubitable. 

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