L'auteure
Colette, de son nom complet Sidonie-Gabrielle Colette, s’intéresse très jeune à la littérature grâce à son père. Elle épouse un homme très important pour le monde des arts, puisqu’il est critique musical, écrivain, et qu’une maison d’édition lui appartient. C’est grâce à son mari, Henri Gauthier-Villars, que Colette est intégrée dans les cercles littéraires parisiens. Elle publie d’ailleurs sous son nom et connaît le succès. Au début des années 1900, elle fréquente une jeune femme, se sépare de son époux et se consacre à sa carrière d’artiste : elle devient comédienne et danseuse, entre autres. Ses apparitions font réagir puisqu’elle est vue nue, affichant sa bisexualité (ce qui était un scandale pour l’époque), s’habillant comme un homme… La carrière littéraire de Colette est pourtant à son apogée : elle publie de nombreux ouvrages, devient directrice littéraire du quotidien de son nouveau mari. Malgré des moments difficiles (second divorce, mort de sa famille, incarcération de son troisième mari dans un camp de concentration…) elle continue à écrire et sera la première femme nommée à l’Académie Goncourt dont elle deviendra présidente quelques années plus tard.
L'œuvre
Sido suivi de Les Vrilles de la vigne sont deux ouvrages parus de manière indépendante : le premier publié en 1930 se fonde sur les souvenirs d’enfance de l’autrice, c’est un roman à inspiration autobiographique ; et le second, paru en 1908, est un recueil de textes.
Résumé de Sido : ce roman contient trois parties.
- Première partie, « Sido » : souvenirs de Colette concernant sa mère, Sidonie, connue sous le surnom de « Sido ». Ce chapitre se focalise beaucoup sur la nature, puisque sa mère lui vouait une passion infinie ; elle décrit les paysages de son enfance à Saint-Sauveur-en-Puisaye, la maison dans laquelle elle a grandi, mais aussi ses rapports avec sa mère. En effet, elle présente celle-ci comme une véritable provinciale, contrairement à sa fille qui a choisi de déménager à Paris, et dont elle se moque pour cette raison ; de plus, Colette évoque également le caractère jaloux de sa mère lorsque, étant enfant, elle passait de longs moments chez Adrienne, une amie de celle-ci. L’autrice réalise également qu’elle avait une attirance pour cette amie.
- Seconde partie, « Le Capitaine » : chapitre traitant du père de Colette, surnommé ainsi. C’est un homme qu’elle a très peu connu, un militaire, qui a choisi la vie à la campagne pour suivre ses enfants et sa femme. Amputé d’une jambe suite à la guerre d’Italie, il se réfugiait dans l’humour et la joie pour cacher son mal-être. Il prétendait écrire, mais à sa mort, Colette découvre que ses cahiers sont vides : elle décide alors d’y rédiger ses textes.
- Troisième partie, « Les sauvages » : c’est le surnom donné par Sido à ses garçons, Achille et Léopold. Léopold aimait la musique, la campagne ; Achille a fait des études de médecine ; les deux garçons s’entendaient très bien. La demi-soeur de Colette, Juliette, se marie, mais son époux n’est pas approuvé par la famille et les deux garçons partent très vite du mariage.
Les Vrilles de la vigne contient plusieurs courts textes, qui ne sont pas classés de manière chronologique. Encore une fois, Colette s’inspire de sa vie pour les rédiger. Ces textes abordent différentes thématiques, comme les souvenirs d’enfance, l’amour (elle raconte ses nuits avec son amante, son attirance pour les femmes, mais aussi son amour pour les animaux), la nature (mer et campagne), la liberté, le maquillage qui permet à la femme de se sentir mieux, l’amitié avec Valentine…
Les thématiques abordées
La nature : célébrée par Colette, adorée par Sido, sa mère, la nature est au centre de l’oeuvre. En effet, l’enfance de l’autrice à la campagne a eu une grande influence sur ses écrits. Sa mère a un lien très particulier avec la nature, puisqu’elle réussit à l’interpréter, à déchiffrer les signes mystérieux que celle-ci transmet. Colette a également ce lien : elle comprend les animaux, parvient à interpréter leur langage. La nature est presque perçue comme une entité vivante à part entière, c’est un véritable jardin d’Eden, dans lequel l’autrice fait une expérience sensorielle puisqu’elle accorde beaucoup d’importance aux sensations.
L’enfance et les souvenirs : pour Colette, l’enfance est un âge d’or dans lequel on fait des découvertes, on est heureux, on n’a pas d’inquiétudes.
L’amour : c’est en priorité l’amour pour sa famille qu’exprime Colette, en présentant ses parents et sa fratrie. Elle a une relation fusionnelle avec sa mère durant son enfance, cette dernière lui transmet d’ailleurs son amour pour la nature. C’est ce que l’on remarque essentiellement dans Sido. Mais dans Les Vrilles de la vigne, Colette étudie un autre type d’amour : la passion amoureuse. Elle va mettre en valeur les sentiments amoureux qu’elle peut éprouver et leurs aspects néfastes, comme la jalousie ou encore le rejet. Mais elle va aussi décrire l’amour de manière plus méliorative, notamment en mentionnant ses nuits avec son amante. Dans certains récits des Vrilles de la vigne, Colette met également en relief son amitié avec Valentine et le soutien qu’elle lui apporte.
La vie en ville : par opposition au calme et à la paix que l’on retrouve à la campagne, la vie en ville se caractérise par une importance démesurée accordée aux apparences, comme le montre la question du maquillage, thème central de certains récits. Colette va aussi mentionner sa vie mondaine, notamment les music-halls dans lesquels elle effectue des représentations, ou encore en décrivant les soirées mondaines du sud de la France.
Le parcours "La célébration du monde"
« Célébration du monde » : faire l’éloge, complimenter, honorer ce qui nous entoure, la planète, la vie. Le monde que célèbre Colette est celui de la nature, celui de l’enfance. Il s’agit de valoriser, de présenter de manière méliorative cet âge d’or dans lequel tout est possible, dans lequel on peut faire preuve de curiosité, on peut faire des expériences. Il s’agit également de tenir un discours valorisant la nature, en mettant en valeur sa sensorialité (elle éveille l’ouïe, la vue, le toucher…), sa diversité (Colette présente aussi bien les paysages que les animaux). La nature est perçue comme un locus amoenus, un lieu d’amour, de communion, d’harmonie, dans lequel l’individu peut s’épanouir et goûter au bonheur. Le lien entre l’homme et la nature est si fort que l’on frôle la fusion entre les deux.