La culture : tout ce que l’homme rajoute, modifie, transforme de la nature grâce à son intelligence.
3 sens dans le dictionnaire :
- culture de la terre (agriculture),
- culture permettant de développer nos connaissances (culture générale),
- culture consistant en un ensemble de caractéristiques communes à l’humanité.
La culture est nécessaire à l'homme
L’homme est façonné par la culture à laquelle il appartient, ce n’est pas qu’un ensemble de connaissances : par exemple, quand on provient d’une culture européenne, on a été éduqué selon certaines normes, certains principes, certaines traditions typiquement européennes, qui construisent la personne que l’on est aujourd’hui.
La culture est nécessaire pour nous humaniser : l’homme s’oppose à l’animal car contrairement à lui, il a une culture (ce qui est appris, transmis, construit). L’éducation qui transmet les connaissances et les croyances constitue le caractère historique de l’espèce humaine.
« Le mot culture désigne la somme totale des réalisations et dispositifs par lesquels notre vie s’éloigne de celle de nos ancêtres animaux et qui servent à deux fins : la protection de l’homme contre la nature et la règlementation des relations des hommes entre eux. » écrit Freud. Cela montre que la culture est nécessaire à l’homme : sans elle, il serait en danger face aux éléments de la nature, et les relations entre les individus seraient conflictuelles. Pour Freud, dominer et contrôler la nature est donc nécessaire et c’est ce que rend possible la culture. Son point de vue est en totale opposition avec celui de Rousseau, qui valorise l’état de nature et critique la culture, ce que nous verrons un peu plus loin.
John Stuart Mill met en relief le fait que l’homme et la nature sont plus souvent en opposition qu’en harmonie. C’est pourquoi la culture est admirable (c’est-à-dire quand l’homme réussit à dominer la nature, à la faire ployer pour en tirer quelque chose) puisque c’est un exploit : « l’homme mérite d’être applaudi quand ce peu qu’il obtient dépasse ce qu’on pouvait espérer de sa faiblesse physique comparée à ces forces gigantesques. » Culture et technique sont donc une prouesse parce que la nature est supérieure et plus puissante que l’homme !
La culture n'est pas le seul facteur qui fait de nous des hommes
Jean-Paul Sartre, dans son œuvre L’existentialisme est un humanisme, avance que « l’existence précède l’essence » : cela signifie que « l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait », il n’est pas prédéterminé, il n’y a pas de destin. D’abord il existe (il naît), et ensuite, au fur et à mesure qu’il grandit, qu’il fait ses choix, qu’il évolue, il se détermine lui-même. S’il a telle ou telle caractéristique, s’il lui arrive tel ou tel évènement, s’il a telle ou telle opportunité, ce n’est pas parce que c’était écrit, parce que tout était prédéterminé et devait se passer ainsi, mais parce qu’il a fait des choix, pris des directions, il s’est construit ainsi. Son avenir n’est pas tout tracé : l’homme ne devient que ce qu’il fait de lui. « L’existence précède l’essence » parce qu’il existe avant de se déterminer, il n’est pas déterminé préalablement, il se détermine lui-même.
Si la culture n’est pas le seul facteur qui fait de nous des hommes, c’est aussi parce que c‘est Dieu qui fait l’homme : Leibniz, nous vivons dans le meilleur des mondes possibles parce que c’est Dieu qui l’a créé ainsi, donc nous sommes le résultat de l’invention de Dieu.
L'humanité est un idéal à cultiver
Pour Rousseau, il faut être prudent vis-à-vis de la culture, qui est au service du bien mais aussi du mal. En effet, l’homme sort de l’état de nature et se constitue en société au fur et à mesure, pour former une culture en partageant les mêmes traditions et règles avec ceux qui vivent dans sa société. Or, la constitution d’une culture génère les inégalités, la mésentente, la jalousie, puisqu’il y a des conflits entre les hommes. De plus, les individus deviennent paresseux puisqu’ils sortent de leur état de nature qui les poussait à aller chasser, pêcher, etc. : ils préfèrent le confort et l’oisiveté. L’usage démesuré de la technique rend l’homme dépendant de celle-ci. Il en perd donc sa nature humaine et devient faible, perd sa liberté, puisqu’alors qu’à l’état de nature il était capable de bien vivre sans artifice, lorsqu’il cède aux inventions techniques, il ne peut plus vivre sans ! Enfin, la constitution d’une culture génère chez les hommes la naissance du vice.
Hannah Arendt, dans La crise de la culture, va mettre en valeur le fait que l’homme se distingue des animaux par sa culture, c’est-à-dire par sa capacité à transformer la nature en monde habitable pour l’homme. Mais ce n’est pas tout ! La culture est aussi la capacité de l’homme à s’inscrire dans le temps, à témoigner de son histoire, à créer, à faire de l’art… Et cela n’est pas sans rappeler un autre sens de « culture », celui de « culture générale » !
L'homme civilisé vs. le sauvage : qui est le plus barbare ?
Dans ses Essais, Montaigne montre que le plus sauvage n’est pas l’homme qui vit dans une société sans technique, non moderne, d’après les stéréotypes de l’homme vivant nu dans la forêt. Dans son essai « Des Cannibales » (I-31), Montaigne montre que le plus sauvage est l’homme qui utilise sa culture contre ses semblables : le plus sauvage, c’est celui qui torture les autres, qui prend plaisir à les tuer avec cruauté sans aucune nécessité vitale ni tradition. C’est pourquoi selon lui les cannibales qu’il rencontre sont plus humains que les Occidentaux. En effet, les cannibales ne se mangent que lors de guerres, parce que c’est un rituel, et ils traitent bien leurs prisonniers (ils les nourrissent, les intègrent aux banquets et danses de la tribu, les assomment avant de les tuer pour qu’ils ne souffrent pas, etc). Au contraire, les Occidentaux tuent et torturent par pur plaisir de faire souffrir (cf les atrocités de la Saint-Barthélemy).