La liberté : l’absence de contrainte, pouvoir faire ce que l’on veut, faire ses choix quand nous avons plusieurs options. Etymologiquement, « liberté » vient du latin liber, qui signifie « l’homme libre », donc celui qui n’est pas esclave.
Contrainte : pression physique ou morale qui s’exerce contre la volonté d’un individu, pour le faire agir différemment de ses plans initiaux.
Désir : passion soudaine que l’on éprouve pour un objet. On peut (ou non) lui résister.
Qu'est-ce qui nous permet d'être libres ?
John Locke : l’Etat limite notre liberté d’action tout en la garantissant. Cela signifie que les règles, les lois, qui nous empêchent de faire tout ce que l’on veut, empêchent également les autres citoyens d’empiéter sur notre liberté. En d’autres termes, c’est grâce à cela que ce n’est pas la loi du plus fort qui règne : autrement, si on avait tous la liberté totale, absolue, de faire ce que l’on voulait, les plus forts empièteraient sur les libertés des plus faibles. C’est grâce à la loi que nos libertés peuvent cohabiter et ne s’opposent pas. « Là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas non plus de liberté. Car la liberté consiste à être exempt de gêne et de violence de la part d’autrui : ce qui ne saurait se trouver là où il n’y a point de loi », écrit John Locke. Cela signifie que sans les lois, il n’y aurait pas de liberté. En effet, la liberté c’est le fait de pouvoir agir sans contrainte, mais Locke précise aussi que la liberté, c’est ne pas subir de contrainte de la part des autres. Donc pour que personne n’entrave ma liberté et ne me contraigne par la force, les lois restreignent les libertés de tous, justement pour les préserver. C’est aussi l’idée de John Stuart Mill quand il écrit que « la liberté des uns commence là où s’arrête celle des autres » !
Pour Kant, c’est l’obéissance à la loi morale qui constitue notre liberté. En effet, l’homme doit obéir à toutes les lois justes, même celles qui ne lui plaisent pas, mais il est libre de ne pas se soumettre aux lois injustes, illégitimes. La liberté n’est donc pas la toute-puissance de la volonté en toutes circonstances, elle a des limites d’ordre moral.
Par exemple, les lois raciales qui étaient en vigueur aux Etats-Unis, lors de la ségrégation, étaient illégitimes et injustes. Les personnes ayant opposé une résistance pacifique à ces lois étaient parfaitement dans leur droit, et ont ainsi exprimé leur liberté en obéissant à la loi morale.
C’est pourquoi la liberté a une dimension morale. Pour Sartre, l’homme est libre parce qu’il n’est rien d’autre que ce qu’il se fait : si « l’existence précède l’essence », c’est parce que nous ne sommes pas prédéterminés, il n’y a pas de destin ; je choisis qui je veux être. C’est pourquoi l’idée de destin est une fausse excuse mais qui est rassurante parce qu’elle nie la responsabilité humaine, qui est reliée à la liberté. En effet, l‘homme est « condamné à être libre », parce qu’il est libre de faire ses choix, qu’il est libre d’agir comme il le souhaite. Conséquence ? Il est responsable de tout ce qu’il fait. Pas de place pour les excuses, les tentatives de se déresponsabiliser (« ce n’est pas de ma faute », « je n’y peux rien ») : Sartre dira que c’est de la mauvaise foi ! Il ne peut pas justifier ses écarts vis-à-vis de la morale.
Suis-je vraiment libre de vouloir ce que je veux ?
La liberté de volonté : suis-je libre de vouloir ce que je veux ? Suis-je libre de choisir ce que je pense ? En d’autres termes, si j’ai telle opinion plutôt qu’une autre, est-ce parce que je suis libre d’avoir cette opinion, ou est-ce parce que je suis déterminé à avoir cette opinion ?
Le libre-arbitre : tu es maître de tes propres choix. « C’est le pouvoir de se déterminer soi-même sans être déterminé par rien » pour Marcel Conche : en d’autres termes, si tu veux quelque chose, tu le veux non pas parce que tu es influencé ou déterminé, mais simplement parce que tu en as envie.
Pour Descartes, la liberté, c’est le fait de « pouvoir faire une chose et ne la faire pas », c’est-à-dire d’être libre de décider de ce que l’on veut faire quand on est face à un choix, sans choisir parce qu’on est contraint par quoi que ce soit.
A ce libre-arbitre, s’oppose le déterminisme !
Le déterminisme : l’homme n’est pas libre de ses choix, les mêmes causes produisent les mêmes effets, donc nous ne faisons pas de choix libres, notre volonté n’est pas libre, mais déterminée par notre éducation, par notre passé. Par exemple, c’est quelque chose que l’on retrouve énormément dans les œuvres de Zola : les personnes de classe sociale basse n’atteindront jamais une classe sociale élevée, ils sont condamnés à rester pauvres et misérables toute leur vie.
Sommes-nous esclaves de nos désirs ?
Spinoza : « Les hommes se figurent être libres, parce qu’ils ont conscience de leurs volitions et de leurs désirs, et ne pensent pas, même en rêve, aux causes par lesquelles ils sont disposés à désirer et à vouloir, n’en ayant aucune connaissance. » En d’autres termes, si on désire quelque chose, c’est possiblement parce qu’on a été influencé ou déterminé… Ce qui ne nous rend pas libres de vouloir cette chose ! Etre libre de sa volonté, c’est vouloir ce que l’on veut. Pour Spinoza, le libre-arbitre n’existe pas. Ce n’est qu’une illusion, l’homme est déterminé par des causes qu’il ignore souvent. Par conséquent, sa liberté de vouloir est contrainte par ces causes qui le dépassent et dont il n’a même pas forcément conscience ! Dans sa Lettre à Schuller, Spinoza va comparer la liberté de l’homme à celle d’une pierre. La pierre bouge, mais sans le décider : si elle tombe, si elle roule, c’est à cause de forces extérieures qui créent ces mouvements, même si elle pense être maîtresse de ses mouvements. L’homme, c’est pareil : il va agir et vouloir, en pensant le faire par pure volonté, alors qu’en réalité, il est déterminé par des causes qui le dépassent. La seule liberté possible pour lui est d’identifier ces causes qui le déterminent, et d’être en accord avec elles.
Dans son dialogue Gorgias, Platon présente la pensée de Calliclès. Pour ce dernier, la liberté se définit par la capacité à satisfaire tous nos désirs : l’homme qui est libre a la possibilité d’obtenir ce qu’il désire.
Mais dans le Gorgias, Platon va aussi mettre en scène la figure de Socrate, pour que celui-ci émette des objections à cette conception : pour Socrate, cette approche de la liberté est erronée puisqu’elle ferait de l’homme un esclave de ses désirs, il en serait dépendant.