Définitions
Bonheur : état de satisfaction prolongé et durable.
Le plaisir, la joie : sentiments éphémères d’une satisfaction intense.
Le bonheur est-il accessible ?
Pour Epicure et les épicuriens, le bonheur est accessible à tous. En effet, c’est le fait de ne pas avoir l’esprit agité ni le corps souffrant. Donc si on n’a pas de douleurs corporelles, et si on ne ressent pas d’angoisses terribles, on est heureux !
Pour les Stoïciens, il faut distinguer ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous : c’est l’élément fondamental du stoïcisme, parce que l’on ne doit pas se laisser atteindre par ce qui ne dépend pas de nous. En d’autres termes, si quelque chose ne dépend pas de nous, a une cause externe à notre personne, nous n’avons pas le droit de la laisser nous affecter. Ce qui peut affecter notre bonheur, c’est seulement ce qui dépend de nous. Les Stoïciens diront que l’homme sage est celui qui est heureux même sous la torture. En effet, ce que d’autres font subir à son corps ne dépend pas de lui, il ne laisse donc pas cela l’affecter et nuire à son bonheur.
Le bonheur est difficile à atteindre parce que l’homme ne sait pas véritablement ce qui peut le rendre heureux. En effet, c’est ce que souligne Aristote : ceux qui sont pauvres pensent qu’être riches les rendra heureux, ceux qui sont malades pensent que retrouver la santé les rendra heureux … Le bonheur, c’est réussir à combler un manque, et ce manque peut varier selon les individus mais aussi selon les jours, pour le même individu ! C’est pourquoi il est difficile de définir le bonheur, et il peut aussi être difficile pour un homme de savoir ce qu’il lui faut pour atteindre ce bonheur.
Le bonheur est le souverain bien ,c'est-à-dire le but suprême
C’est la thèse de Pascal : pour lui, le bonheur est le but de l’homme : « Tous les hommes recherchent d’être heureux ; cela est sans exception ; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but. » Mais ce but est inatteignable, puisque l’homme se condamne lui-même au malheur. En effet, il ne pense jamais au temps présent, il se préoccupe toujours du passé ou du futur : c’est-à-dire, de deux temporalités qui n’existent plus ou pas encore. Il s’imagine un futur radieux et heureux, au lieu d’améliorer son présent pour être plus épanoui. Sauf qu’il n’a aucune assurance d’arriver à cet avenir, parce qu’il est incertain et lointain.
Pour la philosophie utilitariste, il est moral de chercher le bonheur puisque le but suprême est que le plus grand nombre d’hommes l’atteigne. Mais pour atteindre ce bonheur, il ne faut pas être égoïste ni autocentré : il ne faut pas agir contre l’intérêt des autres, mais dans l’intérêt des autres.
Le désir empêche-t-il d'être heureux ?
Schopenhauer : le bonheur est rarement atteint par les hommes, même s’ils le cherchent tous. En effet, nous désirons sans cesse quelque chose de nouveau et nous souffrons parce que ce désir n’est pas satisfait. Et quand nous satisfaisons enfin notre désir, nous nous lassons rapidement et avons d’autres désirs qui se surajoutent : « La vie oscille comme un pendule de la souffrance à l’ennui. » C’est pourquoi le bonheur ne doit pas être le but de la vie, le vrai sage ne le cherche pas.
Objection de Socrate, dans le Gorgias, dialogue de Platon : l’homme qui désire sans cesse est comme un tonneau percé, il va chercher à remplir ce tonneau en satisfaisant ses désirs, et en pensant qu’il faut le remplir entièrement pour être heureux (donc satisfaire tous ses désirs). Or, ce faisant, non seulement on perd notre liberté et on devient esclave de nos désirs, mais en plus, on se condamne au malheur puisque c’est une quête inatteignable. Socrate invite l’homme à se satisfaire de ce qu’il a.
La recherche du bonheur peut-elle conduire au malheur ?
Descartes : la recherche du bonheur peut nous apporter le malheur, parce que le bonheur est éphémère et illusoire. C’est pourquoi il faut rechercher la vérité plus que le bonheur, parce qu’elle nous apporte une plus grande satisfaction.
John Stuart Mill : les hommes ne recherchent pas forcément le bonheur, parce qu’ils ne sont pas prêts à faire certains compromis qui pourraient les rendre heureux. Il préfèrent garder leur intelligence et leur raison, et être malheureux, plutôt que d’être changés en une espèce moins évoluée mais heureuse ; ou même plutôt que d’être ignorant et heureux. « Il vaut mieux être Socrate insatisfait qu’un imbécile satisfait. »