Le langage : tout système de signes ayant pour fonction de transmettre un message.
L’ineffable : ce qu’on ne peut exprimer par des mots, ce qui dépasse le langage.
Le langage est-il spécifiquement humain ?
Pour Isocrate, « la parole est la faculté naturelle qui distingue l’homme de l’animal. » Le langage parlé est donc ce qui distingue l’homme de l’animal, et la parole est indispensable pour constituer l’homme.
Pour Montaigne, les animaux ont un langage. Nous ne sommes juste pas capables de le comprendre, parce que nous ne comprenons pas forcément tous les signes qu’ils émettent. Pourtant, il y a une forme de communication animal/animal et homme/animal.
Aristote, Politique : « Seul parmi les animaux, l’homme a un langage. Certes, la voix est le signe du douloureux et de l’agréable, aussi la rencontre-t-on chez les animaux ; leur nature, en effet, est parvenue jusqu’au point d’éprouver du douloureux et de l’agréable ; et de se les signifier mutuellement. Mais le langage existe en vue de manifester l’avantageux et le nuisible, et par suite aussi le juste et l’injuste. Il n’y a en effet qu’une chose qui soit propre aux hommes par rapport aux autres animaux : le fait que seuls ils aient la perception du bien, du mal, du juste et de l’injuste, et des autres notions de ce genre. »
Aristote distingue la voix et le langage. La voix permettant l’expression est un attribut dont disposent aussi les animaux, mais seul l’homme a le langage. C’est pour cela que l’homme est un « animal politique » : le langage lui permet de se constituer en société, parce qu’il rend possible discussions, délibération, débats.
Le langage permet-il d'exprimer fidèlement la pensée ?
Pour Hegel, « Vouloir penser sans les mots, c’est une tentative insensée… le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie » : le langage permet de penser mais aussi de retranscrire ce que l’on pense, de l’exprimer, sans qu’il y ait un écart entre la pensée et la parole. Une pensée non formulée à l’aide de mots est une pensée qui n’existe pas. On ne peut pas penser en-dehors du langage, puisque la pensée dépend du langage. Croire que l’ineffable existe est une erreur puisque ce n’est que la « pensée obscure », c’est-à-dire que l’individu qui n’arrive pas à mettre des mots sur ce qu’il pense ne fait pas l’effort d’exprimer clairement sa pensée.
Pour Bergson, il y a un écart infini entre les mots et les sentiments, puisque les sentiments sont personnels contrairement aux mots qui sont impersonnels : « La pensée demeure incommensurable avec le langage. » Cela signifie que le langage ne peut retranscrire la pensée profonde de manière fidèle.
Cela se vérifie par exemple lorsque l’on dit « je t’aime ». Il ne s’agit pas du même sentiment selon la personne à qui l’on s’adresse : mari, femme, mère, père, enfant, ami… Pourtant, l’expression ne change pas ! Et même quand on le dit à son conjoint et que cela caractérise le sentiment amoureux, ce n’est jamais le même amour, puisque ce sentiment est perçu différemment par chaque personne.
Pourquoi parlons-nous ?
La communication est une fonction essentielle du langage, mais il en a d’autres : il permet de penser, de s’affirmer, de s’exprimer, il a aussi une fonction esthétique et artistique…
Le langage, dans la religion mais aussi dans l’Histoire, a un pouvoir fondateur : l’homme transmet son histoire, il peut raconter des évènements passés, il peut témoigner. L’Histoire de l’homme n’existe que grâce au langage ! D’ailleurs, dans L’Evangile selon Saint-Jean, on peut lire « et la parole était Dieu », ce qui montre bien la puissance du langage et son importance dans la construction de sa propre représentation.