L’inconscient

Définitions

La conscience se distingue de l’inconscient, mais ce sont deux notions qui sont souvent amenées à être étudiées ensemble dans un sujet de dissertation. Clique ici pour le cours sur la conscience !

Il faut tout d’abord distinguer l’inconscient de l’inconscient.

Un individu inconscient, c’est celui qui est irresponsable, qui agit de manière dangereuse ou sans se soucier des conséquences, par perte de contrôle de lui-même ou immaturité. C’est aussi celui qui a perdu conscience (parce qu’il est dans le coma, par exemple).

L’inconscient, c’est la partie de nous qui refoule nos émotions, qui nous fait faire certains choix plutôt que d’autres de manière inexpliquée, puisque les justifications sont refoulées.

L'inconscient empêche l'individu de bien se connaître

Freud effectue un classement des différentes formes de conscience :

    • Le conscient : permet à l’individu d’être conscient de ses actes et d’avoir connaissance de ceux-ci ainsi que des causes qui les déterminent.
    • Le pré-conscient : souvenirs refoulés mais qui peuvent revenir à la mémoire de l’individu.
    • L’inconscient : forme de censure de l’esprit qui refoule un souvenir, un traumatisme, pour que l’individu reste équilibré.

Dans sa Lettre à Chanut, Descartes nous invite à réfléchir sur l’origine de nos sentiments. En effet, à partir d’une expérience personnelle, il incite le lecteur à se demander ce qui génère, chez lui, de l’attirance pour une personne plutôt que pour une autre. Il explique avoir été attiré, étant petit, par une petite fille qui louchait ; et par la suite, il a toujours éprouvé quelque sentiment à l’égard de femmes partageant la même caractéristique. Il s’est rendu compte plus tard que c’est parce qu’il avait associé ce trait physique au sentiment amoureux, justification que son inconscient lui cachait jusqu’alors, et qui l’empêchait de comprendre son attirance. Cette dernière s’arrête net dès qu’il comprend enfin les raisons de son attirance, parce que loucher est perçu comme un défaut par la société. Ainsi, l’existence de l’inconscient remet en question la compréhension qu’on a de nos actions.

Pour Freud, c’est le désir qui est au centre de notre personnalité, et l’inconscient permet de le limiter et de le censurer. En effet, l’esprit se scinderait en trois éléments :

    • le « ça » : pulsions inconscientes voulant être satisfaites immédiatement, à l’origine de nos désirs ;
    • le « surmoi » : règles morales intériorisées par l’individu pour qu’il puisse vivre en société ;
    • le « moi » : manière dont l’individu apparaît au monde, maîtrise le « ça ».

L’individu n’aurait accès qu’à ses désirs socialement et moralement acceptables. Les autres désirs seraient refoulés. Cela signifie que l’inconscient empêche l’individu de se connaître. En effet, il ne connaît pas tous ses désirs : le « surmoi » et le « moi » les censurent !

La conscience n’est qu’un instrument de l’inconscient, souligne Nietzsche. En effet, pour lui, la conscience est un « organe défectueux » parce qu’elle est faillible, elle peut induire en erreur. C’est l’inconscient qui a une part plus grande en nous. En effet, ce sont les pulsions inconscientes qui nous gouvernent et déterminent nos actions.

Les manifestations de l'inconscient

L’inconscient peut aussi se manifester physiquement. Autrement dit, nous pouvons avoir un certain accès à notre inconscient, si nous réussissons à l’interpréter. D’après Freud, lorsque nous commettons des lapsus ou des actes manqués, cela n’est pas accidentel mais une manifestation des désirs du « ça » réfrénés par le « surmoi ». Par exemple, si nous disons « au revoir » au lieu de « bonjour » en nous rendant quelque part, Freud dirait que c’est notre inconscient qui se manifeste en montrant que nous avons envie de partir de cet endroit !

Freud, Psycho-pathologie de la vie quotidienne : « Certains actes en apparence non intentionnels se révèlent, lorsqu’on les livre à l’examen psychanalytique, comme parfaitement motivés et déterminés par des raisons qui échappent à la conscience… Font partie de cette catégorie les cas d’oubli et les erreurs (qui ne sont pas des effets de l’ignorance), les lapsus linguae et calami, les erreurs de lecture et les actes accidentels. » 

Autre exemple. Dans ses Cinq leçons de psychanalyse, Freud partage ses entrevues avec Elizabeth, une jeune femme souffrante. Ses douleurs n’ont pas une origine médicale mais psychologique : sa souffrance morale est devenue souffrance physique. En effet, son inconscient a refoulé la passion amoureuse qu’elle ressent pour le mari de sa soeur, parce que c’est immoral : et cela a des conséquences physiques. Pour rétablir l’équilibre entre les différentes instances psychiques qui la composent (le « ça », le « surmoi », le « moi »), Freud lui explique qu’elle n’est pas responsable de son désir puisqu’elle ne peut contrôler ses sentiments, et que sa réaction (ne pas céder à sa passion) fait d’elle une personne morale. C’est en révélant ces conflits internes à l’inconscient d’Elizabeth que Freud rétablit l’équilibre psychique nécessaire à la disparition de ses symptômes. En d’autres termes, les manifestations de l’inconscient peuvent être physiques et pour y remédier, ce n’est pas le corps qu’il faut soigner, mais l’âme.

Mais l'inconscient est aussi une fausse excuse !

Pour Sartre, l’inconscient est une fausse excuse, une preuve de « mauvaise foi » parce que l’individu ment à lui-même pour dissimuler ses désirs. L’homme est fondamentalement libre, il est le seul à choisir ce qu’il fait de lui et de sa vie, ce n’est pas son inconscient qui déterminerait ses désirs puisqu’avancer cette idée reviendrait à nuancer la responsabilité de l’homme. De plus, le traitement psychanalytique ne serait pas accompli par le malade dans le but de guérir mais dans celui de se persuader qu’il est inguérissable. Cela est préférable à la guérison, puisque guérir serait changer, et le changement effraie. Si la thérapie psychanalytique est une preuve de « mauvaise foi et de mauvaise volonté », c’est aussi parce que l’individu décide de l’issue de la thérapie avant même son achèvement. Celui qui ne va pas jusqu’au bout a déjà décidé de ne pas l’achever mais va se convaincre qu’il aura tenté de faire quelque chose pour guérir.

Alain s’inscrit dans une perspective similaire à celle de Sartre en avançant que l’inconscient est un faux alibi, c’est la passivité de l’esprit qui se laisse dominer. Il niera également son existence en désignant l’inconscient comme un « mythe », pour discréditer Freud

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