Olympe de Gouges – Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

L'autrice : Olympe de Gouges

Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, est née en 1743 et morte en 1793. Très tôt, elle se met à écrire : à l’âge de 18 ans, elle refuse de se remarier après le décès de son époux, parce qu’une loi interdit aux femmes mariées de publier sans l’accord de leur mari. Elle fréquente alors des salons parisiens et commence à écrire des pièces de théâtre, ainsi qu’à monter une troupe pour les représenter. Elle publie également des textes politiques un an avant la Révolution, textes proposant des réformes sociales. Son engagement va la pousser à dénoncer les massacres des 2 et 3 septembre 1792, et s’en prendre à Marat et Robespierre. Elle est condamnée à la guillotine et sera donc tuée l’année suivante.

L'oeuvre : La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

La DDFC pastiche la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : il s’agit d’un texte critique visant à corriger cette Déclaration. Il s’agit d’une réécriture de cette œuvre, dans laquelle Olympe de Gouges va corriger tout ce qui lui semble injuste, inégal, entre hommes et femmes mais aussi entre hommes libres et esclaves.

L’œuvre est assez peu diffusée au moment de sa publication, et tombe rapidement dans l’oubli. Elle est révélée au grand public en 1986 par Benoîte Groult, et depuis, elle connaît un fort retentissement. 

Peut-on parler de féminisme concernant cette œuvre ? Oui, mais avec des guillemets. En effet, le terme « féminisme » n’existait pas encore à l’époque d’Olympe de Gouges. Qualifier son œuvre de « féministe » serait un anachronisme. Donc si tu mentionnes ce terme, mets en valeur le fait que tu as conscience qu’il s’agit d’un anachronisme !

Analyse et résumé

L’œuvre commence par une épître dédicatoire à Marie-Antoinette, dans laquelle elle lui demande d’œuvrer pour l’égalité entre les hommes et les femmes.

L’avant-propos : Olympe de Gouges s’adresse aux hommes et leur reproche d’avoir oublié le rôle qu’ont eu les femmes durant la Révolution, en écrivant un texte (la DDHC) qui s’adresse aux hommes et qui ne tient pas compte des femmes.

Le préambule : Olympe de Gouges réécrit celui de la DDHC en mettant en valeur toutes les femmes (« les mères, les filles, les sœurs ») et en les appelant à réagir, à se révolter contre leur condition. Elle veut constituer une Assemblée Nationale féminine fictive. 

La Déclaration : 17 articles réécrivant la DDHC. Olympe de Gouges en reprend les articles et les réécrit : il s’agit d’un pastiche critique.

  • articles 1/2 : mettent en valeur l’égalité des droits entre les hommes et les femmes (liberté, propriété, sûreté, résistance à l’oppression).
  • article 3 : dans la sphère politique, on doit trouver des hommes et des femmes de manière égale.
  • articles 4/5 : les droits de la femme sont naturels et égaux à ceux des hommes
  • article 6 : la femme a le droit d’élaborer des lois, au même titre que l’homme
  • articles 7/8/9 : les femmes doivent avoir les mêmes droits que les hommes mais par conséquent également les mêmes punitions : elles peuvent monter sur la tribune, mais aussi sur l’échafaud. A noter : Olympe de Gouges corrige la DDHC en remplaçant « tous les citoyens » par « toutes les citoyennes et tous les citoyens » 
  • articles 10/11 : la femme a la liberté d’opinion et d’expression. Elle peut aussi dévoiler l’identité du père d’enfants nés hors mariage, pour le forcer à assumer les enfants
  • article 12 : la DDFC n’a pas pour but de renverser la suprématie masculine et de la remplacer par une suprématie féminine, mais d’établir une égalité entre les sexes.
  • articles 13/14/15 sur l’impôt, l’argent, le travail : la femme peut accéder aux emplois comme les hommes et savoir à quoi sert l’argent qu’elle verse aux impôts.
  • article 16 : la femme a le droit de rédiger la Constitution
  • article 17 : le droit à la propriété

Le postambule : elle appelle les femmes à lutter pour parvenir à l’égalité. Elle s’impose comme guide, en les appelant à la raison et à la lucidité, leur faisant réaliser qu’elles n’ont tiré aucun avantage de la Révolution et que les inégalités sont très marquées : « Femme, réveille-toi, le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers, reconnais tes droits. » 

Les thèmes abordés

L’égalité : entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les hommes libres et les esclaves. 

La Révolution : Olympe de Gouges rappelle que la femme ne doit pas être mise à l’écart, qu’elle s’est battue comme les hommes. Le texte de la DDHC est donc injuste puisqu’il laisse les femmes de côté afin de se concentrer sur les droits des hommes. Il faut faire une seconde Révolution à l’intérieur même de la Révolution ! Il s’agit donc d’un pastiche, puisque ce texte est une réécriture de la DDHC, qui corrige ses inégalités.

La politique et la loi : les mêmes droits et devoirs doivent s’appliquer aux hommes et aux femmes, pour le meilleur (établir les lois, la Constitution, jouir des libertés…) et pour le pire (subir la peine de mort…). La femme aussi a le droit de mettre en valeur ses opinions, même si cela peut mettre sa vie en danger (et c’est d’ailleurs ce qui se vérifiera en 1792-1793 lorsqu’Olympe de Gouges sera arrêtée et condamnée à la guillotine pour avoir dit et pensé du mal des révolutionnaires ayant participé aux massacres de septembre 1792 !) : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud » (article 10). Mais en contrepartie, la femme doit donc avoir le droit de « monter à la tribune », aussi bien pour s’exprimer, que pour être intégrée aux tâches administratives visant à organiser la nation, que pour rédiger la Constitution. La femme doit pouvoir avoir tous les rôles politiques que l’homme possède.

La femme dans tous ses états : le rôle d’épouse, de mère, et le mariage. Olympe de Gouges dénonce le fait que la femme passe derrière son père, puis son mari, sans pouvoir être indépendante ou détachée d’un homme. Elle n’existe qu’à travers l’homme et l’autrice critique fortement cela, ainsi que toutes les structures qui dégradent la femme (le mariage arrangé) ou son image (il faut qu’elle puisse dévoiler l’identité du père d’un enfant né hors mariage).

Cela fait d’Olympe de Gouges une véritable femme politique : le texte proposé est complet et abouti, il vise à être directement adopté en Assemblée. Elle adopte le style polémique, argumentatif et critique des révolutionnaires, ainsi que la forme juridique (division de la Déclaration en articles). Le postambule a aussi une dimension didactique et oratoire, puisqu’Olympe de Gouges apostrophe les femmes comme si elles étaient face à elle, devant une tribune : ce faisant, elle s’impose comme oratrice.

Le parcours "écrire et combattre pour l'égalité"

« Ecrire et combattre » implique que le combat mené par Olympe de Gouges est pacifique, non-violent : il s’agit de critiquer, de dénoncer, de corriger grâce à un texte, et non avec les armes. La lutte passe par l’écriture juridique, politique, polémique, didactique, argumentative, oratoire, ironique… Les procédés et registres sont nombreux pour dénoncer et inviter à l’action !

« L’égalité » est un enjeu très important puisqu’Olympe de Gouges s’adresse à tout le monde : hommes, femmes, famille royale. Même si son public le plus souvent ciblé est féminin, elle ne restreint pas son lectorat à ce sexe exclusivement. De plus, il est très important d’insister sur le fait qu’elle ne va pas prôner la supériorité de la femme en droits et libertés, elle veut simplement anéantir celle de l’homme pour rétablir la justice et l’égalité entre les deux sexes. Il s’agit donc de corriger les inégalités, et pas de renverser la domination masculine au profit d’une domination féminine !

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